Pour fuir la foule et la chaleur estivale, rien de plus simple : il suffit de prendre de la hauteur ! Des falaises initiatiques aux arêtes aériennes, en passant par les cascades – de glace ou encaissées – et les nuits suspendues dans le vide, la vallée d’Aulps se découvre aussi par le haut… À la seule condition de ne pas être sujet au vertige !

Une corde, un baudrier, quelques dégaines, un descendeur et un bon guide (!) : il n’en faut pas plus pour voir la vie (et la vallée de Morzine) d’un œil nouveau. Estampillées stations de moyenne altitude, Morzine et Avoriaz possèdent pourtant des reliefs raides et déchiquetés qui en font un terrain propice aux escapades aériennes, du débutant à l’expert, avec, à la clé, de vraies ambiances montagne.
« À Morzine, même si la communauté de grimpeurs est petite, il y a une vraie âme montagnarde, cultivée, l’hiver, par le ski », promet Quentin Colombat, président du bureau des guides de Morzine-Avoriaz, avant d’ajouter : « Quel que soit le niveau, il y a de quoi faire et, souvent, loin de la foule. »
En commençant par les bases. Situé sur la commune voisine de Saint-Jean-d’Aulps, le site d’escalade du Bas Thex est le plus accessible du coin. Installé sur une falaise grise de calcaire, orientée à l’ouest, il dispose d’une centaine de voies, s’échelonnant des niveaux 4 à 6, avec un secteur « babygrimp » réservé aux plus jeunes. Le bas de la falaise, à 800 mètres d’altitude, et sa belle exposition le rendent praticable toute l’année. Du parking de l’abbaye d’Aulps à la marche d’approche – d’environ dix minutes – en passant par un équipement de qualité, tout est fait pour découvrir l’escalade et progresser sereinement dans cet écrin de nature dominant la route départementale.
Sur le versant d’en face, le site d’escalade du Foron, perché dans le petit hameau de la Côte-d’Arbroz, est un peu plus confidentiel et conseillé aux grimpeurs de niveaux intermédiaires (6) à experts (8b). Avec une majorité de voies aux profils déversants, la falaise aux tons jaunes, surplombant les alpages, est appréciée pour ses prises franches.
Un terrain façonné pour l’exploration
Au bout de la discrète vallée de la Manche, le secteur des Terres Maudites, installé sur le versant nord de la tête de Bostan, abrite de jolies grandes voies dont les longueurs s’étalent sur 450 à 500 mètres. Accessible aux niveaux les plus modestes, les cotations s’échelonnent du 4a au 5b, avec quelques variantes en 6a pour les grimpeurs plus expérimentés. Véritable voyage vertical, ces grandes voies, dont l’emblématique Morzinoise ouverte en 1979, sont réputées dans le Chablais pour la qualité de leurs dalles calcaires adhérentes.
Après cette escapade alpine sauvage, réalisable sur une demi-journée et rythmée par les meuglements des vaches en pâture, le retour à la civilisation peut surprendre. À moins de poursuivre l’expérience verticale pour la nuit, en surplomb de la vallée des Ardoisières. « Un de nos guides propose de dormir dans un portaledge, des plateformes suspendues dans la falaise, généralement utilisées par les alpinistes et les grimpeurs, explique Quentin Colombat. Nous partageons la falaise avec les gypaètes, qui aiment aussi y faire leur nid ! » Unique et accessible au plus grand nombre, ce genre de nuit laisse des souvenirs impérissables. À condition de ne pas avoir peur du vide !
Pour les sportifs plus aguerris, Avoriaz est aussi le théâtre d’esthétiques courses d’arêtes, comme aux Tranchants et au Snaillô. L’occasion d’évoluer avec délicatesse dans un cadre enchanteur, avec une vue privilégiée sur les massifs suisses et français de la région. « Certaines courses et voies d’escalade locales n’ont rien à envier aux itinéraires plus courus de Chamonix, par exemple », constate le guide de haute montagne.
Beaucoup plus atypiques et tributaires des conditions hivernales, les falaises de Montriond sont réputées l’hiver pour leurs cascades de glace. Une expérience féerique, réservée aux connaisseurs.
… et les aventures ludiques !
Dans un esprit plus joueur, trois vias ferratas invitent à prendre rapidement du dénivelé grâce à une succession d’échelles métalliques et de vires, en suivant des lignes de vie spécialement aménagées au cœur de la roche. À Saint-Jean-d’Aulps, il faut compter environ trois heures pour boucler la voie de la tête de l’Éléphant (niveau rouge, D+) ou la voie de l’Œil (noir, ED). « La marche d’approche et les retours depuis les sommets, dans la forêt, sont un peu raides et escarpés, mais l’ascension promet un joli panorama sur le mont Blanc et la vallée morzinoise », décrit le guide.
Une ambiance totalement différente de celle rencontrée sur le cheminement du Saix-du-Tour, la via ferrata d’Avoriaz, qui se rapproche davantage d’une traversée aérienne, entre petites portions de randonnée et passages en rochers. Charmé par cet itinéraire, Quentin Colombat conseille de s’y rendre entre mi-juin et mi-juillet « pour apprécier le panachage coloré de fleurs de montagne ». Parcours traditionnel et relativement accessible, son pont de singe, s’étalant sur une vingtaine de mètres, donne tout de même quelques sueurs froides à certains… vite oubliées face à la vue, très ouverte, sur les Dents Blanches, les vallées du Rhône et de Morzine, et le centre d’Avoriaz.
Dans un tout autre style, le réputé canyon de Nyon enchaîne les rappels sur 300 mètres de dénivelé. Rien que le premier avoisine les 40 mètres, donnant l’étrange sensation d’être une araignée pendue à son fil. De quoi apprivoiser la verticalité…


