Installé à Venosc, ce village du Vénéon où il passait jadis ses vacances, l’écrivain Simon Parcot sculpte chaque jour des phrases comme on taille la pierre. « J’écris comme un artisan. Chaque mot doit trouver sa place. » Auteur du roman Le bord du monde est vertical, sa plume est influencée par ses lectures et ses randonnées. Portrait de cet écrivain qui s’attache à rendre compte de la montagne qu’il aime tant et des habitants d’une vallée qui lui est chère.

Il y a dans les livres de Simon Parcot le parfum de la montagne, des forêts humides et le craquement des pas sur les sentiers de l’Oisans. Né à Saint-Étienne, l’auteur à succès a grandi entre ville et nature. Depuis plus de 50 ans, sa famille possède un chalet à Venosc, lieu qu’il visitait très souvent pendant son enfance. C’est après de longues années de voyages et de découvertes qu’il se décide à venir vivre ici, dans cet endroit rempli de mémoire et de transmission.
Le goût de l’écriture, il l’a d’abord effleuré sur les bancs du collège, en classe de cinquième. « La première fois que j’ai ressenti du plaisir à écrire, c’était lors d’une dissertation. Ensuite, ce plaisir s’est dissipé et a ressurgi quelques années plus tard. » À 21 ans, il part seul sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, bivouaque le soir et confie ses pensées à un carnet, devenu compagnon de route. « J’y notais mes joies, mes doutes, mes questionnements. Et, à force, j’ai retrouvé la joie d’écrire. Elle est revenue sur les sentiers, comme une évidence, une nécessité. »
À son retour, il écrit et autoédite Revenir de l’hiver, un carnet de bord poétisé qui retrace une partie de son pèlerinage, avant de se lancer dans l’écriture de son premier roman, Le bord du monde est vertical, couronné de plusieurs prix dont le prix de l’Ailleurs et celui d’Alpes-Isère Habitat. Un livre qui sera également traduit en italien. « Avec le roman, on ouvre un espace de liberté immense. Ce livre est inspiré de la vallée du Vénéon, mais je voulais avoir le loisir d’inventer une histoire qui ne colle pas parfaitement à la réalité. Avec ce genre, je ne suis plus esclave du réel », raconte le trentenaire. En septembre 2024, il publie son second roman, Le chant des pentes.
La montagne comme ancrage
En plus de ces ouvrages, l’auteur s’ouvre également à d’autres horizons en publiant Carnet de guides, un documentaire graphique et littéraire sur le métier de guide de haute montagne, réalisé avec Paul de Chatelperron. Sa plume particulière, l’auteur la façonne à la lisière des genres, mais s’inspire surtout de la prose poétique, avec un penchant pour l’aphorisme. « J’aime utiliser des phrases courtes et percutantes. »
Ses sources d’inspiration sont multiples. Le romancier et poète islandais Jón Kalman Stefánsson l’influence par son réalisme magique et Níkos Kazantzákis, l’écrivain grec, pour la quête spirituelle. « J’aime les auteurs qui parlent des territoires, qui rendent compte d’un lieu par la fiction », témoigne Simon Parcot. Vivre à la montagne joue un rôle important dans ses écrits. « Je me nourris du lieu, de ses habitants, des bêtes ou encore des plantes. C’est mon cadre de référence. Cet univers permet le décentrement nécessaire. Sa puissance et sa beauté ont un fort impact sur mon esprit et mes émotions. Je tente de rendre compte avec des mots de la dureté et de la beauté de la montagne. De sa richesse. »
Le territoire de l’Oisans a une connotation aussi symbolique pour l’écrivain puisqu’il y a une dizaine d’années, il a perdu deux êtres chers dans le massif des Écrins.
Une invitation à la philosophie
Titulaire d’un master de philosophie, Simon Parcot s’inspire encore aujourd’hui de cette formation pour nourrir ses récits. « Avoir étudié en profondeur cette matière m’aide à écrire. Elle m’apprend à trouver les mots justes, à nommer ce que les gens ressentent sans forcément savoir le dire. »
Il rend aujourd’hui cet univers accessible à tous, à travers les balades philosophiques qu’il organise. Trois heures de marche ponctuées de discussions autour de Nietzsche ou encore Camus, des auteurs qui l’inspirent au quotidien, par leur style ou leur humanité. « Ces promenades sont une invitation à la philosophie, mais aussi aux sciences humaines et à l’anthropologie. C’est une ambiance conviviale et ludique, loin des bancs de l’école. L’idée est d’amener les gens à philosopher et à découvrir de nouvelles théories. »
Amoureux des cimes, Simon Parcot défend cette terre qu’il affectionne tant. Une autobiographie sur l’histoire qu’il entretient avec les Écrins est en cours de rédaction et verra prochainement le jour. Pour lui, la montagne n’est pas « seulement un gymnase ou le support de nos activités, c’est un endroit que l’on habite et qui nous transforme ». La montagne a une âme, un caractère qui « bouleverse nos existences ».


