Prometteur dans le domaine du ski alpin, Matéo Jeannesson a finalement décidé de s’orienter vers l’univers du ski de bosses à l’âge de 14 ans.
Un choix payant pour celui qui est devenu champion du monde junior de la discipline en 2024. Focus sur ce skieur, originaire de l’Alpe d’Huez, à la trajectoire talentueuse.

Comment décririez‐vous l’histoire du ski de bosses à l’Alpe d’Huez ?
Lorsque j’ai commencé le ski de bosses, cette discipline était encore très peu développée, tant à l’échelle nationale qu’à l’Alpe d’Huez. Mon père la pratiquait lorsqu’il était plus jeune, à une époque où une certaine dynamique existait autour de ce sport. Par la suite, l’intérêt a diminué, entraînant une période creuse dans le développement de la pratique. Il y a eu un tournant décisif lorsque l’Alpe d’Huez a commencé à accueillir chaque hiver une étape de la Coupe du monde. Le ski de bosses a été mis sur le devant de la scène et cela a été un catalyseur avec un intérêt croissant de la part du public.
Qu’est‐ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce sport ?
Avant de me tourner vers le ski de bosses, j’étais licencié au club de ski alpin où j’ai obtenu de bons résultats avec une deuxième place au Coq d’Or. C’est à l’occasion d’une journée de tests organisée avec le ski club que j’ai eu l’opportunité de découvrir le freestyle et le ski de bosses. Les entraînements étaient dans une optique différente, plus ludique, avec l’idée de prendre du plaisir, et c’est ce qui m’a aussitôt attiré. Grâce à mes bases solides en ski alpin, j’ai rapidement trouvé mes repères et les sensations m’ont immédiatement plu.
Vous vous êtes d’abord entraîné avec votre père avant de rejoindre l’équipe de Grande‐Bretagne. Pourquoi ce choix ?
Avec son passé de skieur de bosses, il a assuré mon encadrement et m’a coaché pendant plusieurs années, posant les bases de ma formation. Je bénéficie de la double nationalité grâce à ma mère qui est anglaise, et c’est vers l’âge de 15 ans que j’ai été approché par l’équipe de Grande‐Bretagne. Cela a marqué un tournant dans mon parcours. Intégrer à cet âge un programme de très haut niveau, aux côtés d’athlètes confirmés, a été une belle opportunité. J’ai pu progresser rapidement et m’entraîner dans les meilleures conditions possibles.
Comment se passe votre préparation, que ce soit sur les skis ou en amont ?
Cet été, j’ai suivi une préparation particulièrement intense où j’ai cumulé plus de 46 jours de ski entre le mois d’avril et le mois de juillet. Tout est pensé en différentes phases avec des modules différents, alternant travail technique sur les skis et perfectionnement des sauts. Au printemps, je me concentre essentiellement sur le ski technique, puis, en été, j’enchaîne les stages axés sur les sauts et les acrobaties. C’est à l’automne seulement que nous assemblons tout pour construire des runs complets. J’ai commencé le ski de bosses sur le tas, j’ai donc dû rattraper un certain retard, notamment dans les sauts. C’est un élément que j’ai particulièrement travaillé ces dernières saisons grâce à la pratique du trampoline. L’aspect physique est fondamental à ce niveau. Il faut être solide, explosif, précis.
Quels sont les souvenirs qui ont marqué votre jeune carrière ?
Gagner les championnats du monde juniors en Italie en 2024 est le moment le plus marquant. Le niveau global était élevé et cela m’a donné beaucoup de confiance pour la suite. Cette même saison, j’ai eu la chance de participer à l’étape qui se déroulait à l’Alpe d’Huez où j’ai terminé 9e, devant ma famille et mes proches. Ces résultats me mettent en confiance et montrent que j’ai le potentiel pour monter sur la plus haute marche du podium.
Quelle place occupent les Jeux olympiques de 2026, à Cortina, dans votre esprit ?
Ma présence aux Jeux olympiques dépendra de mes résultats de début de saison. À ce niveau, tout se joue sur des détails, mais je sais que je suis capable de réaliser un bon résultat. Le format des Jeux est particulièrement exigeant et très stimulant, c’est une course d’un jour où il faut performer dans l’instant. Je travaille beaucoup l’aspect mental, la visualisation et la gestion du stress avec un préparateur mis à disposition par la fédération de Grande‐Bretagne. C’est difficile d’anticiper mais je veux l’aborder de façon positive, comme une opportunité, une scène où montrer tout le travail accompli.
Quelle est votre piste préférée ?
Parmi toutes celles sur lesquelles j’ai pu m’entraîner, la piste de l’Alpe d’Huez reste ma préférée. J’y ai grandi, j’y ai appris à skier et elle a quelque chose de vraiment unique. Elle se distingue par la taille de ses bosses qui sont construites « à l’ancienne » avec beaucoup d’amplitude. C’est un format exigeant à skier, ce qui offre un superbe spectacle. Le site est souvent ensoleillé, avec une neige plus souple qui permet de façonner de belles lignes.


