D’une patinoire improvisée par des hôteliers visionnaires il y a plus de 110 ans à une équipe professionnelle évoluant aujourd’hui en première division française, le club de hockey chamoniard a traversé les décennies et marqué l’histoire de ce sport. Retour sur l’histoire d’un club 30 fois champion de France.

© Laurie Dek
Tout commence en 1909 avec deux figures locales, Jules et Joseph Couttet, qui décident de construire leur propre patinoire. La ville de Chamonix en fait alors sa patinoire municipale et, quelques mois plus tard, la première équipe de hockey est créée. « Il y a eu de nombreux temps forts depuis sa création en 1910. Dès les premières années, Chamonix avait de l’avance sur son temps, puisque la ville possédait la seule patinoire d’été en France, un véritable avantage pour pouvoir s’entraîner plus longtemps », raconte Willy Besson, directeur commercial et marketing des Pionniers. De la fin des années 1920 jusqu’en 1979, le club chamoniard était souverain dans le domaine du hockey français, décrochant un trentième titre de champion de France cette même année.
Une petite ville dans la cour des grands
Aujourd’hui, le club chamoniard évolue en Synerglace Ligue Magnus, la première division française. Derrière ce groupe, c’est une structure de deux coachs, cinq salariés à l’année et une dizaine de bénévoles qui œuvrent à son bon fonctionnement. Dans le calendrier du hockey français, le planning est chargé. L’équipe, composée d’une vingtaine de joueurs, s’entraîne quotidiennement pendant la saison, sur glace et hors glace. « La saison dure du mois de septembre au mois d’avril et les Pionniers disputent entre deux et trois matchs par semaine », explique Willy Besson. Un rythme effréné avec de nombreux déplacements partout en France.
Le hockey a profondément changé avec une professionnalisation des joueurs, une évolution du matériel et une internationalisation du jeu. Des règles viennent régir son fonctionnement. En Synerglace Ligue Magnus, parmi les 20 joueurs présents sur la feuille de match, 10 d’entre eux doivent être des joueurs formés localement (JFL) afin d’assurer un roulement et de composer avec la forte affluence des joueurs étrangers. « La France ne produit pas assez de joueurs pour alimenter toute la Ligue Magnus, alors que des pays comme le Canada, la Finlande ou encore la Suède sont de grands réservoirs d’excellents joueurs », souligne Willy Besson.
De grandes ambitions
Ces dernières années, le club des Pionniers a retrouvé sa stabilité après quelques moments difficiles entre 2016 et 2018. Depuis, le club a changé de nom, de logo, de couleurs et a multiplié par presque quatre la fréquentation de ses matchs. L’objectif était clair pour les joueurs et le staff : « S’installer durablement dans le championnat et prétendre chaque année à une qualification en playoffs. » Cette compétition, aussi appelée séries éliminatoires, marque la phase finale de la saison. Les meilleures équipes s’affrontent dans un format à élimination directe et la première à remporter quatre rencontres passe au tour suivant. Un moment fort dans la saison nationale de hockey.
Lorsque les Pionniers jouent à domicile, le public est très fidèle. « Avant, dans les gradins, l’ambiance était plus locale, maintenant il y a davantage de touristes. Même si ce n’est pas un public de connaisseurs, la ferveur reste incroyable », sourit le gardien Tom Aubrun.
Dans un championnat dominé par les grandes métropoles comme Rouen ou Angers, Chamonix fait figure d’exception. Elle fait partie des plus petites villes françaises à posséder un club de première division dans un sport collectif. Une fierté pour le directeur commercial : « C’est beau de voir que l’un des plus vieux clubs de hockey est toujours présent au niveau national. » Avec le développement de nouvelles infrastructures, les Pionniers espèrent attirer davantage de public pour continuer à faire évoluer le club.
Trois questions à Tom Aubrun, gardien des Pionniers et originaire de Chamonix
Après avoir rejoint les équipes de France U18 et U20, il a évolué dans les ligues professionnelles des États-Unis. Depuis trois ans, il est de retour dans son club formateur chamoniard.
Après plusieurs années passées aux États-Unis, pourquoi avoir choisi de revenir à Chamonix ?
Je suis né ici, j’ai commencé le hockey sur cette glace et revenir jouer dans ma vallée, près de mes racines et de mes proches, est un choix du cœur. Après ces années à l’étranger, je voulais reconnecter avec cette ambiance, ces souvenirs d’enfance. Aujourd’hui, c’est ma troisième saison au club et c’est une vraie fierté d’être le gardien titulaire dans ma ville.
Comment le club continue-t-il d’évoluer ?
Le club progresse à son rythme, saison après saison. Chaque année, nous essayons de corriger les erreurs, d’avancer. À Chamonix, il y a une véritable volonté de professionnaliser l’environnement, avec de nouveaux moyens. Nous nous déplaçons beaucoup et avoir le meilleur matériel aide dans la récupération. Sportivement, notre objectif reste clair : jouer les playoffs. L’équipe travaille dur et nous pouvons créer la surprise.
Quel rôle Chamonix joue-t-il dans le hockey français ?
Chamonix est un club historique et nous sommes aussi un peu les « derniers survivants » des Alpes en Ligue Magnus. Le hockey français évolue, les grandes villes ont plus de moyens, ce qui complique la montée pour des clubs de montagne comme le nôtre. Malgré tout, nous restons compétitifs chaque saison, et s’appuyer sur notre identité locale, sur la fierté d’avoir des joueurs natifs de Chamonix dans l’équipe, aide à faire grandir le club.



