Le ski libre fait le show

Dans l’écrin de la côte 2000, le festival Back to Back attire chaque année de plus en plus de spectateurs. La sixième édition, qui s’est tenue du 23 au 25 mars 2025, a explosé les records avec plus de 10 000 personnes présentes sur le week-end et de grands noms du ski freeride et freestyle. Focus sur la trajectoire de cet événement.

Endroit inspirant à la saveur particulière, la côte 2000 était une évidence pour implanter un tel événement. Anciens skieurs professionnels, Sandy Collet et son frère jumeau, Andy, ont eu l’idée folle de créer un festival qui mêle musique et ski libre, à la côte 2000, leur endroit préféré à Megève. Tout a commencé en 2017. Pour fêter leurs 30 ans, les deux frères ont eu l’envie de faire découvrir le backcountry à un public plus vaste. Cette discipline hybride, qui tire son appellation anglo-saxonne de la fusion du freestyle et du freeride, mêle évolution en terrain naturel et sauts. Le terrain vallonné de la côte 2000, son exposition qui lui vaut le surnom de « frigo de Megève » et sa vue sur les aiguilles Croches en font un lieu idéal pour créer un spot de backcountry de proximité, au bord des pistes. Le nom Back to Back vient d’ailleurs à la fois d’une figure de ski et de l’univers musical, où il désigne un affrontement entre deux DJs lors d’un set.

Une performance de base jump en live

Après deux éditions, c’est en 2019 que les deux frères ont décidé de donner une nouvelle dimension à l’événement, en allant au-delà du backcountry et de la musique. Sandy Collet, qui gère aujourd’hui la plus grande partie de l’organisation, a choisi d’élargir le Back to Back en apportant une performance de base jump en live, avec comme invité le skieur Matthias Giraud, star de la discipline. « Je voulais proposer quelque chose de différent, toujours dans cette idée de promouvoir le ski libre. Il n’y a que Matthias Giraud qui peut réaliser une performance de base jump en ski, en live. C’est une pratique risquée, mais il connaît le terrain par cœur, chaque recoin, chaque ligne et il analyse parfaitement le manteau neigeux pour comprendre les risques d’avalanche. Il trace sa ligne et saute du sommet de la falaise. C’est à partir de ce moment-là et grâce à des performances comme celle-ci que Back to Back a gagné en notoriété », raconte Sandy Collet.

Des grands noms du freestyle réunis

Depuis sa création, le festival a évolué, proposant aujourd’hui de nombreuses activités accessibles et ludiques, qui promeuvent toujours l’univers du ski libre. Au programme, le show de ski de bosses, les gros sauts sur lesquels les riders réalisent des figures, le base jump, le speed riding, mais aussi le banked slalom. Cette course initialement conçue pour les snowboarders propose un slalom avec des virages relevés et est ouverte au public pour l’événement. « Il y avait 140 places et le banked a affiché complet. Tous les niveaux étaient présents et de nombreux lots, comme des skis ou des accessoires, étaient à gagner. L’idée est de rendre accessible ce ski libre et de créer un moment convivial et agréable », souligne Sandy Collet.

Lors de l’édition 2025, de grands noms s’étaient donné rendez-vous à la côte 2000 pour faire le show, comme Virgile Didier, présent sur le Freeride World Tour, Jordane Legal, connu pour ses exploits hors du commun en ski, ou encore Valentin Delluc, l’un des meilleurs speedriders au monde. « Lorsque le ski freestyle et toute la culture qui l’entoure ont émergé, les regards étaient négatifs. Les personnes assimilaient cet univers à un côté sombre. Mais aujourd’hui, le freestyle est aux Jeux olympiques et il y a un vrai engouement. C’est ce que l’on veut promouvoir avec ce festival. »

Back to Back est une énergie

Cette passion pour la transmission de l’univers du ski libre sous toutes ses formes passe aussi par la musique et l’ambiance générale du festival. Au pied de la côte 2000, différents stands sont installés pour le week-end. Car Back to Back, c’est également une énergie. « Pour cette sixième édition, il y avait un espace de skate, un stand de recyclage de tissus avec la marque Picture, des stands pour tester des skis, la buvette, un coin food truck. C’est une belle manière de montrer que tout est possible et que l’on peut toujours faire plus. » Et avec la création de la nouvelle salle de spectacle du Palais des sports, plus de 1 200 personnes se sont réunies pour la soirée techno organisée le samedi soir. « Nous avons voulu proposer une musique de festival, qui bouge et qui rassemble. Peut-être que cette année nous proposerons deux soirées », sourit Sandy Collet.

Trois questions à Noé Petit

Snowboardeur présent sur l’édition 2025 du Back to Back, trois fois champion de France de Slope Style et de Big Air, il est également champion du monde universitaire de Slope Style à Turin en 2025.

  • Tu avais déjà participé à l’édition 2024 de Back to Back. Qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir cette année ?
    « J’avais découvert l’événement l’année dernière. Malgré des conditions météorologiques peu optimales, l’ambiance avait été incroyable, avec une véritable chaleur humaine et une atmosphère à la fois festive et familiale qui donne naturellement envie de revenir. Le concept est très original et bien pensé, c’est un vrai plaisir de faire partie de l’aventure et de se retrouver, entre amis, pour rider. »

  • Si tu devais choisir un moment clé de ce week-end, lequel choisirais-tu ?
    « Le samedi sur le Malesia, le plus gros saut de l’événement. Tous les riders, qu’ils soient professionnels ou amateurs, se sont retrouvés sur ce saut à se motiver ensemble. C’était la première fois que je m’élançais sur le Malesia et c’était impressionnant. Au départ, j’avais de l’appréhension. C’était comme s’élancer sur une autoroute qui allait droit dans le néant. Mais après l’avoir sauté une fois, j’ai compris pourquoi tout le monde en parlait. Ce saut est une vraie montée d’adrénaline, avec la sensation de voler et tous les encouragements des autres riders apportent une énergie collective. C’était un moment incroyable ! »

  • Qu’est-ce qui rend ce festival unique ?
    « L’esprit qu’il dégage du début à la fin. Nous sommes loin des formats classiques avec de la pression et de la compétition. Ici, c’est avant tout du partage, rider entre amis dans une ambiance légère. Le public est proche des riders, tout le monde échange, c’est comme une grande famille. Sandy et son frère travaillent énormément pour que chaque édition soit meilleure que la précédente, nous sentons que c’est fait avec passion. C’est le rendez-vous idéal en fin de saison pour décompresser et s’amuser. »