Le GMHM, Groupe militaire de haute montagne basé à Chamonix, fête en 2026 ses 50 ans. Douze hommes, parmi les meilleurs alpinistes du moment, composent cette petite unité d’élite de l’armée de terre. Grimpeurs professionnels, ils contribuent à renforcer la capacité opérationnelle de l’armée grâce à leur expérience des milieux extrêmes, du froid, de l’altitude et de la verticalité. Découverte.

Première mondiale de la traversée de la cordillère de Darwin en 2011, ascension du Shishapangma (8 027 m) en style alpin en 2014, première répétition de la face nord du Changabang (6 864 m) en 2018, traversée des Hielos en Patagonie (2022), ou encore ouverture d’une voie au Kamet (7 756 m) qui lui vaut un Piolet d’or en 2013 : les faits d’armes du groupe sont variés. Ils illustrent bien la volonté du général Laurens et du capitaine Jean-Claude Marmier, à l’origine de la création du groupe en 1976.
« Dans les années 1970, l’alpinisme était en pleine expansion. L’armée voulait s’associer à cette image de performance dans le domaine de la montagne. Dès le départ, l’idée était de créer un groupe d’élite d’alpinistes militaires capables de rivaliser avec les meilleurs, dans le but de réaliser de grandes ascensions sur les massifs du monde entier. Pendant plusieurs décennies, les appelés du contingent ayant un fort niveau technique pouvaient effectuer leur service militaire comme alpinistes au GMHM : c’est comme cela que de talentueux alpinistes ont intégré le groupe aux côtés de militaires de carrière », explique le commandant François Piotrowski, à la tête du groupe depuis cet été, après cinq ans en tant qu’adjoint.
Alpinistes de haut niveau
Un recrutement mixte qui perdure, puisque des sportifs de la société civile peuvent aujourd’hui postuler au GMHM et s’engager uniquement pour en faire partie. Ainsi, Léo Billon, Clovis Paulin, Amaury Fouillade ou encore Jordi Noguère, alpinistes de haut niveau, ont intégré le GMHM, un cadre idéal pour repousser leurs limites. L’autre partie de l’effectif du groupe est issue des forces de l’armée, mais avec une grande expérience de la montagne : la plupart sont guides ou en cours de formation.
« Ce double recrutement permet d’avoir de la diversité dans les profils, avec des compétences poussées au maximum dans chaque domaine. Cela nous permet aussi d’asseoir notre légitimité, tant vis-à-vis du monde de la montagne qu’au sein de l’armée », conclut François Piotrowski. Le GMHM est aux troupes de montagne ce qu’est la Patrouille de France à l’armée de l’air : une unité entièrement dédiée à la performance. Leur crédo ? La verticalité, la haute altitude, le grand froid, la maîtrise par l’homme des conditions extrêmes.
Retour d’expérience
Au gré de ses expéditions dans les milieux les plus hostiles de la planète, le groupe rapporte des expériences et des enseignements précieux destinés à accroître la capacité opérationnelle de l’armée. Toutes les expérimentations du terrain sont utiles, que ce soit l’utilisation d’une aile de snowkite pour se déplacer très rapidement au Groenland, ou d’un parapente pour atteindre des sommets de plus de 5 000 m en Inde.
L’exploration de contrées sauvages nécessite aussi d’innover pour se repérer quand rien n’existe. En Patagonie, le GMHM a numérisé des photos satellites calquées sur des cartes pour parer au manque d’informations cartographiques. « Évoluer en haute montagne ou dans les parties les plus froides de la planète impose d’avoir recours à des solutions innovantes, tant sur le plan matériel que sur la manière d’évoluer ou de survivre. Nous sommes en quelque sorte un laboratoire pour toutes ces techniques, que nous transmettons ensuite à la 27e Brigade d’infanterie de montagne », explique le commandant. Ces retours d’expériences sont utilisés à la fois sous forme de rapports, de documentation ou de conseils pour les forces armées, mais aussi, de manière plus concrète, pour la formation. Chaque année, le GMHM accompagne ainsi dix commandos en autonomie complète pendant trois semaines au Groenland, où ils apprennent à vivre dans des températures polaires, sans aucune aide extérieure.
En 2026, pour ses 50 ans, le GMHM vise de nouveaux projets en haute altitude. De quoi mettre en application toute l’expérience engrangée ces dernières années sur les différentes expéditions, car des aléas les ont jusqu’ici privés de sommet. « Cette année, au Makalu, la météo a stoppé notre progression, tandis qu’en 2024, le groupe s’est détourné de son objectif pour réaliser le sauvetage de deux alpinistes britanniques et américaines bloquées à plus de 6 000 mètres après la perte de leur équipement dans un éboulement sur le Chaukhamba III », rappelle François Piotrowski. Et poursuit : « Je crois que le groupe a vraiment envie de se lancer un nouvel objectif en haute altitude, en style alpin, pour concrétiser tout ça. »
Affaire à suivre de très près donc, pour entamer l’écriture d’une nouvelle page de l’histoire du GMHM.
- Septembre 1976 : création du GMHM
- 1993 : première ascension française du Lhotse et première ascension militaire de l’Everest
- 2008 : Marion Poitevin devient la première femme à intégrer le GMHM (et la seule à ce jour) pendant presque quatre ans
- 2011 : première traversée mondiale de la cordillère de Darwin
- 2012 : ouverture d’une voie au Kamet (7 756 m), couronnée par un Piolet d’or
- 2017 : ouverture d’une voie sur une tour de granit de la Terre de Baffin
- 2018 : première répétition de la face nord du Changabang (6 864 m)
- 2021 : ouverture du pilier du Contrevent sur la Terre de la Reine Maud
- 2022 : traversée des Hielos en Patagonie
- 2024 : sauvetage de Fay Manners et Michelle Dvorak en Himalaya


