Le jeune Avalin Jean-Baptiste Launay, alias Jisbar, est devenu un artiste peintre talentueux, dont les œuvres sont exposées de Miami à Dubaï, de New York à Londres en passant par les grandes capitales européennes, l’Asie ou l’Afrique. Immersion dans son univers pop-street art unique, ses projets fous et ses collaborations avec les plus grandes marques.

Jean-Baptiste Launay a grandi à Val d’Isère : son père Benoît a notamment géré avec passion la radio locale (Radio Val) jusqu’à sa récente retraite. Désormais, Jisbar (son nom d’artiste) est connu dans le monde entier pour ses œuvres mêlant des influences street art et pop art. Au gré de ses collaborations variées avec Ducati, BMW, les 24 heures du Mans, ou plus récemment l’horloger Franck Muller, le jeune homme explore toutes les dimensions de son art, dans des créations très riches, aux différents niveaux de lecture. Capable de réaliser un artwork sur une F1 en hommage à Ayrton Senna, d’envoyer une Mona Lisa revisitée dans l’espace ou de designer un look complet pour DJ Snake, Jisbar relève sans cesse de nouveaux défis.
Revenons sur votre parcours…
J’ai grandi à Val d’Isère, et c’est par le biais du skate, du ski et du snowboard, que j’ai baigné dans la culture glisse. L’univers iconographique de ces sports est intimement lié à l’art, de par les vidéos, les magazines, les designs des planches. Ce milieu possède une véritable identité artistique, puisée dans la pop culture américaine, un peu trash, rock, hip-hop. J’ai toujours aimé dessiner, je reproduisais les designs de mes planches de skate, créais des bandes dessinées.
J’ai poursuivi mes études à Lyon dans la communication et le marketing lié à l’art, avec une option histoire de l’art et une spécialisation dans le design et la mode. Je suis ensuite parti à Paris où j’ai rencontré d’autres artistes et commencé à explorer différents médiums : l’huile, l’acrylique, la sculpture…
Plusieurs de vos œuvres sont des réinterprétations d’œuvres classiques, l’histoire de l’art vous inspire…
Oui, après avoir été porté par l’univers glisse et jeux vidéo de ma jeunesse, je me suis intéressé à l’histoire de l’art, que j’avais survolée durant mes études. J’ai vite ressenti le besoin d’aller plus loin, de me plonger dans l’univers des maîtres d’avant, de comprendre leurs techniques, leurs inspirations, de la Renaissance jusqu’au pop art. J’en ai tiré des interprétations personnelles des grandes œuvres classiques.
La période qui m’inspire le plus est la fin du pop art et le début du street art. J’y puise des techniques, des couleurs, de la spontanéité. Mais mes sources d’inspiration sont bien plus vastes que ça, j’ai créé en quelque sorte un système d’imprégnation qui me permet de retranscrire ce qui est autour de moi sur une toile.
Au-delà de vos œuvres, vous travaillez aussi avec d’autres artistes, des marques ou des événements pour des collaborations exclusives. Comment cela stimule-t-il votre créativité ?
Quand on travaille sur une collaboration, cela donne un cadre, à la différence d’une toile blanche qui ouvre le champ des possibles. Avoir des contraintes est plus challengeant, cela me force à prendre des chemins qui ne sont pas dans ma routine de création, c’est très intéressant. Par exemple, quand je peins des voitures pour les 24 heures du Mans, il faut prendre en compte que le moteur monte à 800 degrés, que les ailerons sont en carbone, donc je ne peux pas utiliser la même peinture, les mêmes techniques que sur une toile.
Cette année, j’ai réalisé pour l’horloger Franck Muller une série de 250 montres exclusives : là nous sommes dans le monde de l’infiniment petit. Y intégrer une œuvre n’avait rien d’évident au premier abord et nous avons finalement pensé à un concept complet. J’ai redessiné les index de la montre, son écrin, et j’ai aussi utilisé ce même modèle pour peindre une grande toile que nous avons ensuite découpée en 250 morceaux, une sorte de puzzle dont chaque pièce a été intégrée à chacune des 250 unités de cette série limitée.
Quel a été le projet le plus marquant de votre carrière ?
Sans hésiter la toile que j’ai envoyée dans l’espace pour les 500 ans de la mort de Leonard de Vinci, artiste qui m’a toujours beaucoup inspiré. Je me suis demandé « qu’est-ce que ferait De Vinci s’il était toujours vivant ? » et j’ai pensé qu’envoyer ma réinterprétation de La Joconde dans l’espace pourrait être une belle synthèse. Cela a été un projet complexe, d’un point de vue créatif, autant que financier et technique. Nous avons utilisé une nacelle en carbone pour porter l’œuvre, reliée à un ballon biodégradable gonflé par un mélange de trois gaz, qui agissent comme de l’hélium.
Le ballon monte jusqu’à la stratosphère où il explose : il ne faut surtout pas qu’il la dépasse sinon il ne peut plus revenir sur terre. Ensuite, la toile chute durant 33 kilomètres et se pose grâce à son système d’atterrissage. L’œuvre créée sur mesure pour le projet devait être à la fois très légère et solide pour résister aux conditions météorologiques extrêmes de ces altitudes (avec des vents puissants, des températures de – 73°) puis à l’atterrissage. En 2019, nous avons ainsi envoyé la première toile peinte au monde dans la stratosphère, c’était fou ! Le projet a eu un retentissement durant plusieurs années, puisqu’en 2023, le Musée du Louvre m’a appelé pour utiliser la vidéo réalisée sur ce projet pour leur exposition itinérante « La Joconde, exposition immersive » coréalisée avec le Grand Palais immersif.

En l’honneur du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, la Punk Mona Lisa de Jisbar a été envoyée dans la stratosphère pendant trois heures.
Après Val d’Isère, Paris, les Pays-Bas, vous vivez désormais à Lisbonne, au Portugal : le mouvement nourrit-il votre créativité ?
Pas nécessairement, mais à chaque fois que j’ai senti que j’étais à la fin d’un cycle, j’ai choisi un autre endroit pour repartir en quelque sorte à zéro, retrouver de la fraîcheur, un nouveau mood. Actuellement, je me sens bien au Portugal. Je vis à côté de l’océan où je retrouve une ambiance surf, cet univers Beach clubs qui me plaît. La découverte fait partie de l’inspiration, elle nourrit mes projets futurs.


