Courchevel : 1946-2026, la légende continue

Courchevel fête ses 80 ans, et son histoire résonne comme un héritage vivant. De ses débuts visionnaires à son statut actuel de référence mondiale, la station incarne une alchimie rare entre sport, innovation et art de vivre.

Tout commence en 1946, sur un plateau vierge des Alpes savoyardes. Loin des stations-villages traditionnelles, Courchevel naît ex nihilo, dessinée par l’architecte Laurent Chapois. Deux téléskis, un téléphérique en projet, 6 000 lits : le pari est audacieux. En pleine après-guerre, l’État et le département de la Savoie y voient un levier pour relancer l’économie locale. Mais Courchevel ne sera pas qu’un chantier : elle devient un laboratoire. Dès 1959, Émile Allais, son directeur technique, y introduit le premier Sno-Cat, un engin chenillé révolutionnaire pour damer les pistes. L’innovation entre dans l’ADN de la station.

Du ski roi à l’art de vivre

Les années 1950-1960 voient le domaine skiable s’étendre, avec la création de l’École du ski français (ESF) – dont Émile Allais est le tout premier moniteur – et surtout, la liaison avec Méribel qui donnera naissance aux 3 Vallées. En 1952, le téléphérique de la Saulire est mis en service ; en 1971, le forfait commun ouvre l’accès à 250 kilomètres de pistes. La station prend une tout autre dimension.

Et si le sport reste son socle, un nouveau chapitre s’écrit dès les années 1970, avec l’arrivée d’une clientèle internationale et l’ouverture du premier restaurant étoilé, Le Chabichou. Les décennies suivantes confirment cette mue. En 1987, les premiers chalets de luxe sortent de terre à Bellecôte. En 2009, lorsque la classification hôtelière invente la catégorie « cinq étoiles », six des onze premiers établissements distingués en France sont à Courchevel.

Aujourd’hui, on y compte cinq palaces, sept restaurants étoilés et 43 hôtels. Mais la station n’oublie pas ses racines : elle reste un terrain de jeu pour tous, avec 150 kilomètres de pistes propres à Courchevel, six zones dédiées aux débutants et plus de 45 activités, du ski de randonnée au fatbike.

Entre héritage et modernité

Aujourd’hui, Courchevel regarde vers l’avenir sans renier son passé. La station modernise ses infrastructures, comme le remplacement de la télécabine des Chenus par un modèle plus performant et écologique, équipé de panneaux solaires. Elle mise aussi sur l’événementiel avec, entre autres, l’organisation des Mondiaux de ski alpin en 2023, le retour de la Coupe du monde masculine de ski alpin en 2026, et les Jeux olympiques de 2030. En parallèle, elle développe une offre lifestyle avec l’ouverture de concept stores et de nouveaux restaurants signés par de jeunes chefs.

Ce qui frappe, finalement, c’est cette capacité à allier héritage et modernité. Comme le résume Jean-Yves Pachod, maire de Courchevel et enfant du pays : « Chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice, sans jamais trahir l’esprit originel. » Alors qu’elle célèbre ses 80 ans, cet esprit fait de passion pour la montagne, d’exigence et d’hospitalité, reste plus vivant que jamais.

Les dates qui ont façonné Courchevel

  • 1946 : inauguration de la station, conçue comme une « ville skiable »
  • 1959 : arrivée du Sno-Cat qui révolutionne le damage
  • 1992 : organisation des épreuves de saut à ski et de combiné nordique des JO d’Albertville
  • 2023 : co-organisation des Championnats du monde de ski alpin avec Méribel
  • 2030 : Courchevel accueillera de nouveau des épreuves olympiques (ski alpin et saut)

Une terre de champions

Cette terre de glisse a toujours été un creuset de talents. Dès les origines, des figures comme Jean Blanc posent les fondations en créant le premier téléski. Puis le champion Émile Allais, devenu directeur technique, révolutionne le damage et modèle les pistes.

Aujourd’hui, cet héritage est porté par Alexis Pinturault, enfant de la station et skieur le plus titré de l’histoire du ski français, champion du monde de combiné à domicile en 2023. La relève, formée au Club des Sports, est déjà là : Steven Amiez, déterminé à conquérir le sommet du slalom mondial, ou encore Marie Lamure, championne du monde junior 2022 du combiné, incarnent la nouvelle génération prête à écrire les succès de demain.