ALTUS CHAMONIX HIVER 2023

Vice-champion du monde de snowboard freeride la saison dernière, Camille Armand espère rapporter le titre en 2023 au pied du mont Blanc. Rencontre avec le snowboardeur chamoniard.

À tout juste 30 ans, Camille Armand s’inscrit dans la brillante lignée des snowboarders chamoniards. Suivant la trace de ses aînés (les frères Charlet, Julien « Pica » Herry, ou encore la légende du snowboard extrême Marco Siffredi), Camille Armand a rapporté à Chamonix un titre de vice-champion du Freeride World Tour, couronnant une saison 2022 presque parfaite. Deuxième derrière Blake Moller, Camille a longtemps mené le classement mondial avant de voir l’Américain lui passer devant lors de la finale du Freeride World Tour à Verbier. « Je visais un top 3 au général, alors terminer deuxième, c’est forcément un bon résultat d’autant que la saison dernière, les conditions ont souvent été difficiles avec des neiges compliquées et peu de poudreuse. » Après les compétitions, Camille a profité de la fin d’hiver pour explorer un peu plus son terrain de jeu chamoniard. « À Chamonix, il y a encore de la neige à 3 500 mètres d’altitude à la fin de l’hiver, alors j’en profite jusqu’au bout. » Il a ensuite fait une pause estivale: « Je pratique d’autres sports comme le surf par exemple. J’aime aussi grimper et je m’essaye au parapente quand les conditions sont là. »

Avant de faire accoster ses mots sur les rives de la Mer de Glace, Dominique Potard a usé ses crampons, et ses carres, au coeur du massif du Mont-Blanc, tour à tour guide de haute montagne et moniteur de ski. Un montagnard aguerri et un écrivain prolifique. Rencontre.

Dans la fresque fantaisiste du Port de la Mer de Glace, qui a fait son succès, Dominique Potard s’amuse à détourner la légende de l’alpinisme avec ses anti-héros bardés de bouteilles, lancés dans mille aventures invraisemblables. Faut-il y voir le pied de nez d’un guide de haute montagne construit, non sans humour, bien loin du mont Blanc ? Fils d’une famille vosgienne émigrée dans le sud de la France, dans la région de Carpentras, Dominique Potard découvre en effet l’escalade dans les Dentelles de Montmirail, et le ski sur les pentes du mont Ventoux. Ne riez pas : l’adolescent, encouragé par deux professeurs de gymnastique – et d’escalade –, veut passer guide. À 17 ans, le voici aide-moniteur à l’UCPA Vallot de Chamonix, et quelques années plus tard, moniteur de ski et guide de haute montagne. Il va passer plus de 40 ans dans la vallée, à arpenter le mont Blanc en tous sens, des clients à ses trousses, et de sacrées troisièmes mi-temps au coin du zinc. De ses courses il exprime des topoguides d’escalade, de ski de randonnée et hors piste (parfois en pente raide). « Il n’y avait rien de ce genre à l’époque » ; les fascicules s’arrachent. Il monte une maison d’édition, étoffe les topos de références exotiques, grimpe en Thaïlande et en Espagne, y ouvrant au passage quelques voies, pige pour Vertical, et se lance dans la rédaction de nombreux livres de montagne, du genre plutôt sérieux. Les refuges du Mont-Blanc, Berhault, virtuose de l’altitude, biographie de l’alpiniste, ou encore La folle aventure des refuges, 150 ans d’histoire de la compagnie des guides de Saint-Gervais val Montjoie… Mais au fond, Dominique Potard, qui n’est pas du sérail, aime surtout démystifier, par l’humour, les excès de panache et d’héroïsme.

Texte et photos : Philippe Royer

Il a neigé au-dessus de 800 mètres. Rapidement, le grand froid s’est installé. La nature a totalement changé de visage. L’eau, le minéral et le végétal se sont figés. La neige et la glace ont pris place. Les dominantes sont blanches avec des reflets bleutés au bord des torrents. Il faut marcher au milieu des denses forêts et le long des ruisseaux pour découvrir cette nature en pleine mutation. L’énorme manteau neigeux estompe tous les bruits. Au coeur des plus grands domaines de ski d’Europe, le calme est immense dès que l’on prend quelques mètres de recul. De nombreuses traces de renards et de lièvres rappellent que la vie est encore très active sur et sous cet épais blanc-manteau. C’est dans les deux premiers mois de l’hiver que le spectacle est stupéfiant, lorsque la neige est volatile et que le soleil bas distille de multiples nuances sur les cristaux immaculés.