2025 est l’année de la préservation des glaciers par les Nations Unies. L’occasion d’aller voir ce qu’il se passe entre 3 000 et 3 600 mètres d’altitude aux 2 Alpes, sur le glacier de la station, que le domaine surveille et entretient de près.

Un entretien du glacier depuis les années 1980
« Pour le domaine, le glacier est un atout indéniable, car c’est un accès facile à la haute montagne explique Arnaud Guerrand, directeur Neige de SATA Group. Là-haut, on est dans le contemplatif avec un superbe panorama sur l’arc alpin qui part du Ventoux au mont Blanc en passant par le Puy-de-Dôme. Et c’est aussi une chance d’avoir une garantie de neige du début jusqu’à la fin de la saison pour du ski en altitude. » L’entretien du glacier est un travail régulier mené par les équipes de la SATA, dont l’objectif est surtout de maintenir le manteau neigeux aussi longtemps que possible. « Chaque année, on essaye de tenir cette neige sur la durée pour qu’elle protège la glace de la fonte, précise Arnaud Guerrand. On ne produit pas de neige à 3 600 mètres d’altitude, on entretient celle qui tombe en la damant régulièrement et en utilisant des pièges à neige. Il faut savoir qu’à ces altitudes, la neige tombe plus horizontalement que verticalement à cause du vent. Avec ces pièges, qu’ils soient faits en bois (barrières) ou en neige (andains), on accumule un maximum de neige et on gagne en épaisseur. »
Ce travail d’entretien du glacier, initié dans les années 1980, perdure encore aujourd’hui. À l’époque, huit machines lissaient quotidiennement les pistes en été après 13 heures et jusqu’à la nuit. C’est toujours le même principe désormais, mais avec deux machines seulement, car ces dernières sont plus précises et performantes. « Toutes nos dameuses sont équipées du système Snowsat, complète le directeur Neige de SATA. Cela permet de mesurer un différentiel de hauteur et donc une épaisseur de neige. On est au centimètre près. On utilise aussi un drone pour faire une cartographie complète du glacier, ce qui permet d’avoir son altitude de référence. Cela nous donne également chaque automne le niveau d’épaisseur de glace qu’il a perdu. »
Travailler pour préserver
Quant à la question de savoir si la main de l’homme est réellement bénéfique pour le glacier, le glaciologue indépendant Lucas Davaze explique : « Globalement, le travail des exploitants va être de damer la neige accumulée sur le glacier. Or, tout comme le passage régulier des skieurs sur la neige, ce damage a un impact de préservation positif du glacier, car il va lui permettre de se maintenir plus longtemps l’été. » Des propos renforcés par ceux d’Arnaud Guerrand qui cite lui les chiffres de densification du manteau neigeux après le passage des machines. « La neige naturelle fait 60 kilos par mètre cube. Après le travail des dameuses, on passe à 400 kilos par mètre cube, donc c’est évidemment beaucoup plus résistant à la fonte, d’autant que plus on compacte la neige, plus on la rend conductrice au froid, notamment en hiver. Skier sur un glacier n’est pas néfaste, c’est globalement le fait de faire venir les skieurs en montagne qui a un impact sur la hausse des températures avec leurs déplacements. Et cet aspect-là concerne l’ensemble des stations, qu’elles aient un glacier ou non. »
Une pépite en voie de disparition
Reste que la station des 2 Alpes a tout intérêt à préserver son diamant glaciaire, car la problématique va bien au-delà du ski. « Un glacier, c’est un enjeu touristique et économique, reconnaît le glaciologue Lucas Davaze, mais c’est aussi un patrimoine qu’il faut préserver aussi longtemps que possible. Par ailleurs, c’est une ressource en eau précieuse. Dans le quart sud-est de la France, l’eau provient soit des précipitations, soit de la neige dont une partie peut se transformer en glace. Et c’est en août que la fonte de cette glace est précieuse pour qu’elle alimente nos cours d’eau, comme celui du Rhône par exemple. Enfin, un glacier représente un enjeu scientifique car il contient pour nous des informations importantes. Au Groenland et en Antarctique par exemple, les carottages de glace consistent à prélever des échantillons âgés de plusieurs centaines de milliers d’années, fournissant une compréhension essentielle du système climatique à l’échelle globale. »
Arnaud Guerrand explique par ailleurs que « la neige fond de plus en plus tôt, donc la glace qui est en dessous apparaît de plus en plus tôt dans la saison. Avant, ce phénomène arrivait généralement fin juillet et désormais, il se produit plus régulièrement au début du mois. Quand la glace est à nu sans sa couverture neigeuse qui la protège, elle fond beaucoup plus rapidement. On estime aujourd’hui qu’il reste environ 35 mètres de glace au-dessus de 3 200 mètres. À cette altitude, la fonte est de 1 à 2 mètres de glace par an, donc si rien n’est fait, le glacier aura très certainement disparu dans moins de 50 ans. Le seul moyen de préserver le glacier est de pouvoir conserver la neige d’un hiver à l’autre. C’est un enjeu qui impacte aussi le débit des cours d’eau qui seront plus faibles à l’avenir et risquent de créer des sécheresses plus prononcées. On imagine en conséquence créer plus de retenues d’altitude pour conserver l’eau là-haut et la redistribuer entre août et octobre. »
Joyau naturel sous haute surveillance, le glacier des 2 Alpes est un lieu à découvrir, hiver comme été, à skis ou à pied, pour observer ce milieu naturel d’exception et admirer un panorama à 360° sur les sommets alentour.
À faire sur le glacier
En mode piéton : on grimpe au sommet du glacier par les remontées mécaniques, puis on rejoint un cheminement piéton sécurisé et balisé dans un panorama à couper le souffle. On profite de la promenade pour admirer la Grotte de glace, découvrir la table d’orientation et le Belvédère, une passerelle dans le vide face au Parc national des Écrins… Une promenade à faire par une belle journée ensoleillée, hiver comme été.
- Profil plat − niveau facile
- Aller-retour de 1,25 km
- Temps de marche : 30 minutes
- Forfait obligatoire
- Pour pouvoir en profiter pleinement, la montée est conseillée avant 13 h 30. Assurez-vous que les conditions climatiques sont favorables.
En ski : on gagne le dôme de la Lauze, la partie la plus sauvage du glacier, à plus de 3 500 mètres d’altitude. Point culminant du domaine, cette piste bleue est tracée sur les contreforts de la Meije. Elle s’ouvre face aux sommets mythiques des Écrins d’un côté, tandis que de l’autre, la vue porte jusqu’au mont Blanc.
- Niveau facile
- Retour jusqu’à Puy Salié : 10 minutes


