Made in Oisans

La route des savoir‐faire de l’Oisans regorge de talentueux artisans, qui ont choisi cette vallée pour exprimer leur créativité, stimulée par les montagnes qui les entourent. Rencontre avec trois passionnés aux univers singuliers.

Gustave Poinsot, la passion de la ruche

Natif de Bourgogne, Gustave a d’abord été boulanger à Monêtier avant de poser ses bagages en Oisans. C’est grâce à sa rencontre avec Gilles Roche, apiculteur récoltant au Freney‐d’Oisans, qu’il découvre et se « prend au jeu de cet univers fascinant ». Une rencontre qui donnera naissance à Écrin de miel en 2019. Désormais associé à son frère Anatole depuis le départ de Gilles, il est installé dans le hameau de la Paute où la miellerie continue de produire le miel de ses abeilles.

Car l’apiculture est avant tout une passion pour cet insecte que Gustave et Anatole se plaisent à côtoyer tous les jours. Envisageant leur rôle comme un accompagnement, ils veillent au grain et escortent leurs colonies pour les amener à butiner dans de bonnes conditions. « Il est primordial de trouver le juste équilibre, où les abeilles fabriquent le nectar nécessaire à leur survie et où l’homme procure un milieu favorable à la production du surplus qui deviendra un miel de consommation. C’est aussi une veille sanitaire minutieuse pour faire face à la rigueur de l’hiver et à l’invasion du varroa, parasite destructeur » indique Gustave.

Passionné, il s’épanouit dans l’environnement qui l’entoure et lui offre une qualité de vie essentielle à son apiculture transhumante. Car si elles passent l’hiver en vallée, une partie des ruches monte ensuite vers de plus hautes altitudes pour confectionner miels de montagne et de haute montagne, spécialités de la miellerie. Pour réaliser ces productions spécifiques, le rucher se déplace notamment dans la vallée du Ferrand et à Villar‐d’Arêne sous le col du Lautaret. Ce territoire alpin, authentique avec ses coins encore sauvages, a tapé dans l’œil de Gustave. « Une vraie richesse » qui lui donne à lui et ses abeilles montagnardes toute la liberté nécessaire à l’élaboration de produits de la ruche made in Oisans.

Un Écrin de Miel – Rue du Martinet La Paute, 38520 Le Bourg‐d’Oisans

Marcel Gresse, heureux chantourneur

Marcel Gresse, natif de Bourg‐d’Oisans, est chantourneur depuis plus de 20 ans. C’est au moment de la retraite qu’il choisit de se tourner vers cet art pour occuper son temps libre. Après avoir travaillé à Lyon en tant que dessinateur‐projeteur, il revient sur sa terre natale et se fabrique un petit atelier de chantournage dans son garage. « Le grand avantage de ce métier, c’est qu’il nécessite peu d’outillage et d’espace, juste du savoir‐faire. »

Ce loisir, qui lui permet de se « vider la tête », se transforme vite en passion, monopolisant toutes ses journées. Pour commencer, il crée principalement des puzzles, mais c’est l’approfondissement d’une technique de travail du bois particulière qui va devenir sa spécialité. Afin de donner vie à ses créations, il pratique la méthode « Intarsia » datant du XVe siècle. Il découpe individuellement chaque élément de son sujet puis les rassemble pour apporter du relief. Ce travail de juxtaposition lui permet de réaliser jouets, sculptures et décorations inspirés des trésors de sa vallée. Fleurs, animaux, mais aussi cyclistes voient le jour sous ses doigts minutieux, dévoilant des compétences variées. Naissent alors des compositions uniques, 100 % uissanes !

Le chantournage consiste à découper une pièce de bois selon des profils complexes. La scie à chantourner, munie d’une lame très fine, se manie telle une machine à coudre, puisque ce n’est pas l’outil qui bouge, mais la pièce de bois que l’on tourne pour suivre le trait de coupe.

Formes et passions, 285 rue du 19 mars 1962 – Le Bourg‐d’Oisans

Clémentine Jehl, créatrice de poteries artisanales

Clémentine façonne depuis cinq ans ses créations dans son atelier-boutique de Bourg‐d’Oisans. Arrivée dans le milieu de la céramique en tant qu’amatrice, cette native du Valbonnais a vécu le premier contact avec la terre comme une évidence. Un besoin de création qui l’amènera rapidement de la passion au métier. Au Verre de Terre, nom qu’elle a choisi avec malice pour son échoppe, on plonge dans son univers délicat, grandement influencé par sa passion pour les montagnes qui l’ont toujours entourée.

Que ce soient les fleurs, les formes, le bleu céladon ou le blanc des glaciers, la montagne est partout. Même dans la terre qu’elle utilise pour certaines de ses collections comme pour sa série Uissane, tirée du nom des habitants de la vallée et façonnée avec une terre locale, marron dorée, hommage à son inspiration. Clémentine laisse libre cours à son imagination et ses doigts créent des formes dans l’argile sans trop réfléchir. C’est « comme un jeu où il faut apprendre à lâcher prise pour que ça marche vraiment ». Un ambitieux challenge, « aussi perturbant que fascinant », qu’elle enrichit au fil des essais et parfois un peu grâce au hasard qui guide ses mains.

Principalement tournées vers des poteries artisanales utilitaires, certaines de ses créations se retrouvent désormais sur des tables de restaurant de la station des Deux Alpes, imprégnant encore un peu plus le savoir‐faire de Clémentine dans la vie locale de la vallée de l’Oisans.

Atelier le Verre de Terre, 39 rue Viennois – Le Bourg‐d’Oisans