Elle a surgi des pentes de Val Thorens pour s’imposer au sommet du snowboard mondial. Noémie Equy, rookie phénomène, a réussi l’exploit ultime : remporter le Freeride World Tour 2025 dès sa première saison professionnelle.
Mars 2025, Fieberbrunn, Autriche. Sur le podium, Noémie laisse éclater sa joie. À 24 ans, la Française vient de décrocher le titre de championne du Freeride World Tour, avant même la grande finale de Verbier. « Gagner le titre lors de ma saison de rookie dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer », confie-t-elle, encore éblouie par son triomphe. Il lui suffisait d’assurer une place solide ; elle a choisi de faire mieux : transcender la compétition. Attaquant sa ligne avec une vitesse et une maîtrise technique déconcertantes, elle enchaîne un passage engagé, un double drop fluide et un frontside 360 parfait : sa descente lui vaut 83,33 points… et la couronne mondiale.
Rookie mais déjà reine
Désormais libérée de toute pression après cet exploit, la championne fraîchement titrée s’est offert le luxe de dominer l’épreuve reine, l’Xtreme Verbier sur le mythique Bec des Rosses. « Je vais profiter de cette ultime étape pour montrer en toute détente mon meilleur riding », avait-elle annoncé. Promesse tenue. Dans une démonstration de puissance et de style, elle signe une descente parfaite, ponctuée d’un saut exécuté avec une précision chirurgicale, avant d’attaquer un double drop massif avec une confiance absolue. Verdict : un score remarquable de 89,67 points, une quatrième victoire en six épreuves, et une saison rookie déjà entrée dans l’histoire.
Si le public découvre son nom en 2025, son ascension s’est dessinée depuis longtemps, dans l’ombre des montagnes de l’Isère et de Val Thorens, sa station d’adoption. Hasard ou destin : pour sa première année sur le Tour, une étape y était organisée – une première historique. Et quel bonheur de monter de nouveau sur le podium « à la maison » !
Val Thorens, tremplin vers les sommets
Rien pourtant ne prédestinait cette Iséroise à devenir reine du freeride. Ses parents, originaires du centre de la France, ont choisi de vivre à Grenoble pour partager avec leurs enfants leur passion pour la montagne. L’étincelle a jailli un peu par hasard, par admiration pour son aîné, Samuel, snowboarder puis skieur-alpiniste de haut niveau. « J’étais fan de mon frère et je voulais l’imiter », avoue la jeune femme. Au club des 7 Laux, elle débute la compétition avec les copains, sans vraiment se prendre au sérieux. Mais le virus prend. Après plusieurs saisons sur le circuit européen de slopestyle et big air avec l’équipe de France, elle bascule vers le freeride en 2022… et remporte dans la foulée le championnat de France à Chamonix.
Son arrivée à Val Thorens tient aussi aux bons conseils de son amie, la snowboardeuse Thalie Larochaix, qui l’incite à rejoindre la Freeski Belleville, pépinière d’athlètes engagés sur le FWT – dont Victor de Le Rue, quadruple gagnant de ce circuit mondial. Le coup de cœur est immédiat. Pour se rapprocher de son nouveau terrain de jeu, Noémie s’installe à Val Thorens, « un camp de base idéal pour faire du haut niveau, où tout est accessible », résume-t-elle.
Préparer la victoire pierre par pierre
Derrière la fulgurance de son succès se cache une maturité étonnante. Noémie voit le haut niveau comme « un marathon, pas un sprint ». Son mantra ? « Avancer étape par étape » pour durer et éviter de se blesser. Une philosophie héritée de son double parcours : les années en freestyle avec l’équipe de France, et des études menées de front.
Son quotidien est à l’image de son équilibre : escalade, randonnée, alpinisme… Et quand approche la compétition, rien n’est laissé au hasard. Sur son téléphone, elle stocke des dizaines de photos de cailloux : un outil précieux pour mieux visualiser chaque descente. « La veille, on repère le terrain depuis le bas ou le côté. On n’a pas le droit de skier la face avant le jour J pour préserver la neige, alors les photos m’aident à anticiper et à préparer ma stratégie », explique-t-elle.
Pour cet hiver, ses objectifs sont déjà clairs : Noémie vise le titre aux nouveaux championnats du monde FIS de freeride en Andorre, et compte bien remporter une victoire à domicile à Val Thorens sur le FWT après sa deuxième place en 2025.
Mais son moteur absolu reste simple : le plaisir. « C’est la condition pour réussir… tu ne peux pas gagner sans te faire plaisir », assure-t-elle. Un état d’esprit qu’elle doit aussi à son frère Samuel, tout en traçant sa propre voie, faite de flow, de sensations et maintenant, de gloire.